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France Inter - Carnet de Campagne : Dieulefit, un homme qui partage son soleil

Rédigé par Christophe | 31/3/2024

 

 

Vous connaissez bien sûr les AMAP, ces associations qui mettent en lien le monde paysan et les consommateurs. Et bien un autre mouvement est en train d'émerger, celui des AMEP. C'est de l'énergie qui remplace les fruits et légumes.

AMEP signifie Association pour la Mutualisation de l'Energie de Proximité. Le principe est tout simple j'ai des panneaux photovoltaïques sur mon toit, je consomme moins d'électricité que ce que je produis.

Je peux donner le surplus à des personnes qui en ont besoin autour de chez moi.

  • Bonjour Daniel Amoros. Vous êtes le référent local de l'AMEP de la Drôme à Dieulefit. Alors vous confirmez que ce mouvement émerge tout juste ? Il y a encore assez peu d'AMEP en France.
  • Oui, c'est tout à fait le cas. La première a été créée à Simiane, dans les Bouches du Rhône fin 2022.
  • Il y a une quinzaine de projets similaires à différents états d'avancement aujourd'hui dans le pays. Alors, comment ça marche chez vous, très concrètement ?
  • Comment ça marche ? Pour la petite histoire, nous avons fait une réunion de quartier et à l'issue de cette rencontre, nous étions une trentaine de gens intéressés pour installer des panneaux photovoltaïques. C'était pour expliquer comment fonctionnait le système et à l'issue de cette réunion, nous avons réussi à mettre en place un groupe qui s'est entraidé pour installer ou faire fonctionner des installations existantes qui avaient des défauts. Et à l'issue de ce de ce travail de lien social, d'entraide a émergé l'idée : On a la chance de pouvoir faire baisser nos factures (parce qu'il y a une baisse substantielle de nos factures), mais on a trop de production. Le soleil est généreux dans nos contrées, et ce trop de production, au lieu de le laisser repartir soit gratuitement, soit moyennant une petite rétribution, nous avons décidé de le mutualiser et d'en faire profiter 

    ceux qui ont le plus de besoins aujourd'hui, qui sont dans des situations de précarité, de difficultés momentanées.

  • Vous pourriez le vendre ce surplus, vous faites le choix de le donner !
  • Ceux qui ont monté leur installation via des installateurs peuvent le vendre. Ils peuvent continuer d'ailleurs à en vendre une partie tout en donnant une autre partie. Ceux qui ont construit eux mêmes leur installation, ce qui est mon cas, ne peuvent pas le vendre. On ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre. Sur le fait de construire soi même, ça baisse les coûts. Par contre, ce surplus, au lieu de le donner de façon anonyme via le réseau Enedis qui lui, ne le donne pas forcément, nous avons décidé de nous l'approprier localement.
  • C'est ce que j'allais vous demander : qui sont les bénéficiaires localement ?
  • Aujourd'hui, nous avons commencé. Notre association fonctionne depuis un mois. l'Association a été créée avant pour négocier avec Enedis, mais notre fonctionnement a un mois, donc peu de recul. Alors nous avons commencé par faire le tour de toute la commune en terme d'associations. Et à l'issue de ces rencontres, on a dit on va expérimenter pour montrer que ça fonctionne (parce que ce n'était pas facile d'expliquer les choses), ce n'est pas naturel, c'est nouveau, c'est novateur. Donc on a décidé d'expérimenter avec une association qui est assez représentative de ce qu'est l'histoire de Dieulefit. Dieulefit a une très grande histoire d'accueil, à travers notamment l'accueil des gens qui étaient pourchassés pendant la Seconde Guerre mondiale. Et on a décidé aussi de s'adresser à une association qui s'appelle Passerelles, qui gère des appartements pour accueillir des gens qui viennent de l'étranger, qui sont en difficulté momentanée, qui ont besoin de s'insérer. Donc c'est eux qu'on aide aujourd'hui. On cherche une seconde association actuellement. Nous sommes en train de préparer le don de cette énergie à une deuxième association.
  • Vous organisez une réunion publique très bientôt, le 6 avril à Dieulefit. C'est l'occasion pour ceux et celles qui voudraient s'informer sur les AMEP. Qu'est ce que ça vous apporte à vous, à titre personnel, la participation à ce mouvement citoyen ?
  • Vous savez, quand on fait un don chaque mois à une association, souvent c'est des dons anonymes, on ne sait pas vers qui ça va être tracé. Là, dans ce système, on se connaît, on crée du lien social entre nous, on a une action un peu concrète sur la résilience énergétique de notre territoire. Et puis en même temps, c'est très enrichissant d'un point de vue humain. 
Produire localement, consommer localement, et peser sur les injustices sociales.

  • C'est aussi une manière, j'imagine, d'impliquer tout le monde, y compris les plus fragiles, dans la transition énergétique.
  • C'est clair ! Depuis un mois, nous transférons notre surplus non consommé à un appartement. Et nous avons proposé au gestionnaire de cet appartement de faire en sorte que lorsqu'il y a du soleil sur la commune, que les personnes habitant cet appartement consomment, lancent leur machine à laver. Lorsqu'il y a du soleil, nous on a trop d'énergie. Donc, c'est cette idée là : le consommateur qui est derrière va aussi travailler à cet examen de la façon dont on consomme l'énergie. On consomme l'énergie lorsqu'elle est produite et comme on la produit par le soleil, on essaye de consommer lorsqu'il y a du soleil : en journée par exemple. Donc c'est très formateur, c'est très éducatif et ça fait partie aussi des engagements de notre AMEP : on est prêt à aider tous ceux qui veulent de façon gratuite et bénévole. Nous sommes tous des bénévoles à l'échelle du réseau, à partir de cette idée que le partage doit être gratuit et qu'on tende vers une forme d'intelligence de consommation, d'énergie, de sobriété si on veut. 

    Mais c'est surtout de réfléchir à la façon dont on vit sur un territoire ensemble.

  • AMEP : Associations pour la mutualisation de l'énergie de proximité. Merci beaucoup Daniel Amoros.
  • Merci Dorothée et à très bientôt j'espère !
  • Bonne journée, au revoir.